Les conditions de vie dans un camp de concentration étaient atroces. À Auschwitz-Birkenau plus particulièrement où les détenus chargés de la distribution de nourriture des prisonniers étaient pour la plupart des criminels, les Triangles Verts. Ainsi, les Prominents gardaient pour eux l’essentiel des rations, pain, soupe, saucisson, margarine, confiture… Les Häftlings, sous leur coupe, crevaient littéralement de faim.
Voici un témoignage de Viktor Frankl, ancien déporté à Auschwitz, dans son ouvrage, Découvrir un sens à sa vie :
« Notre ration quotidienne se composait de soupe aqueuse et d’un petit morceau de pain. Outre cela, nous recevions une «ration quotidienne», composée soit de vingt grammes de margarine, d’une tranche de saucisse de qualité inférieure, d’une petite portion de fromage, d’un peu de miel artificiel ou d’une cuillerée de confiture liquide. Ce qui constituait, cela va sans dire, une alimentation absolument inadéquate, surtout pour des hommes qui faisaient de gros travaux et qui n’étaient pas suffisamment protégés contre le froid. Les malades qui recevaient des «soins particuliers» – c’est-à-dire ceux à qui l’on permettait de mourir dans des baraques au lieu d’aller travailler – étaient encore plus mal lotis.
» Lorsque nos dernières couches de graisse eurent disparu et que nous commençâmes à ressembler à des squelettes déguisés avec de la peau et des haillons, nos corps commencèrent à se dévorer par l’intérieur. L’organisme digérait ses propres protéines et les muscles fondaient. Le corps perdait alors toutes ses capacités de résistance. Les prisonniers mouraient les uns après les autres. Au bout de quelque temps, on pouvait prédire, avec passablement de justesse, qui allait être la prochaine victime; nous connaissions tous les symptômes permettant d’établir un diagnostic précis. « Il n’en a plus pour longtemps », ou « C’est lui le prochain », entendait-on, et le soir, lorsqu’on s’épouillait et qu’on voyait nos corps misérables, on se disait: « Un cadavre, voilà ce que je suis devenu. Je ne suis plus qu’un petit tas de chair dans une masse de chair emprisonnée derrière des fils barbelés, une masse de chair jetée dans une baraque, une masse de chair qui, chaque jour, pourrit un peu plus parce qu’elle est faite de cadavres. »
J’accompagne ce témoignage d’un dessin de François (Franz) Reisz, lui aussi ancien déporté à Auschwitz, que l’on trouve dans Témoignages sur Auschwitz.

3 mars 2022 at 23h11
Merci pour ce devoir de mémoire. Vous comprendrez que je me plonge pas avec plaisir dans cette période, ce vécu tant il est indicible. C’est une horreur à l’état pur, pas un film d’horreur, pas une fiction, pas du Lovecraft, non de l’histoire autrement quelquechose qui est arrivé et qui peut recommencer si l’on n’y prend garde. D’où ce choix d’écrire sur ces camps, un récit fonctionnel mais hyper documenté. Merci à vous.